Nature et bien-être
Longtemps dédaignées, les études concernant les effets de la nature sur notre santé et notre bien-être connaissent depuis peu un intérêt fulgurant. Si vous pensez que le nature vous fait du bien ou qu’une simple marche en forêt vous procure du bien-être, qu’elle apaise vos soucis, vous avez raison ! Aujourd’hui les scientifiques rapportent qu’il existe suffisamment de preuves pour affirmer qu’une immersion, même brève dans un environnement naturel, impacte positivement sur notre santé.
Intuitivement, nous savons que notre sentiment de bien-être s’accroît lorsque nous faisons une marche en montagne, une promenade dans un parc ou quelques pas au milieu de la garrigue. Qu’en serait-il si nous disposions d’éléments objectifs, ou de preuves scientifiques, montrant que la fréquentation de la nature renforce notre immunité, nous aide à lutter contre le stress, les états dépressifs ou l’hyperactivité des enfants, restaure la concentration, améliore notre humeur, réduit les risques de maladie cardiovasculaire ou de diabète, atténue les inégalités socio-économiques en matière de santé ? Quelles seraient les conséquences de ces découvertes dans le domaine de la santé publique, de l’urbanisme ou de l’éducation ?
Voici le récit de cette formidable aventure scientifique en marche, depuis les premières études sur l’impact positif d’une vue arborée dans les hôpitaux, parues dans les années 1980, jusqu’à l’apport récent des neurosciences. Comment expliquer que l’expérience de nature – les arbres, les paysages, les jardins… – ait de tels effets sur nous ? Quels sont les mécanismes thérapeutiques qui agissent sur notre corps, nos humeurs, notre état d’esprit ? La sauvegarde des forêts, la plantation d’arbres dans les écoles et les hôpitaux ou l’aménagement de villes vertes, peuvent-ils contribuer non seulement à notre bienêtre, mais aussi à notre équilibre ? Ces découvertes pourraient révolutionner notre approche de la santé, de la médecine, et notre rapport au monde vivant.
Voici un ouvrage dont le récit de 25 ans de recherche
sur la façon dont la nature a des effets positifs
sur notre santé psychique et physique.
En 1984, Roger Ulrich publie un article remarqué dans le prestigieux magazine Science. Le professeur en architecture y rapporte pour la première fois que les personnes hospitalisées dont la fenêtre donne sur un parc arboré guérissent plus vite et avec moins d’antidouleurs que ceux dont la fenêtre ouvre sur un mur. Un grand nombre d’études suivront. On découvrira ainsi que les écoles les plus végétalisées affichent de bien meilleurs résultats académiques que les écoles dépourvues de nature autour des bâtiments. De ces premiers constats naîtront en Scandinavie les écoles forestières, qui essaimeront à travers le monde et qui proposent un apprentissage en pleine nature dont les bienfaits sont solidement documentés.
Prenons également le professeur Qing Li, médecin immunologiste à l’université de Tokyo. En 2005 il lance sa première étude au sujet de l’impact des arbres sur le système immunitaire et devient l’un des pionniers du shinrin yoku (bain de forêt ou sylvothérapie). Une douzaine d’hommes d’âge mûr vont marcher selon un protocole précis et demeurer en forêt trois jours et deux nuits. À l’issue du programme, Li et ses collègues effectuent les relevés biologiques de base (sanguins et urinaires) et constatent une augmentation de 52 % du nombre de lymphocytes (ou globules blancs) NK (Natural Killer), impliqués dans la défense de l’organisme contre les infections, les virus et dans la régulation de certaines cellules cancéreuses. L’activité des protéines anticancéreuses a aussi augmenté de 28 % pour les perforines et de 48 % pour les granulysines. Le groupe qui avait pour mission de marcher en ville, en comparaison, ne montre aucune augmentation de l’activité des NK ou des protéines anticancéreuses. Ces effets protecteurs de l’immunité naturelle persistent jusqu’à trente jours après le bain de forêt. Le professeur Li attribue ces bénéfices immunitaires aux molécules aromatiques volatiles émises par les arbres pour se préserver des infections bactériennes, des insectes ou des champignons : les phytoncides. D’autres études démontreront les effets bénéfiques de la nature, sur la dépression notamment.
Voici quelques exemples des nombreuses études évoquées dans cet ouvrage. Un véritable livre-enquête qui fait le récit de travaux du monde entier, dans des disciplines aussi variées que la médecine, la biologie, les neurosciences, la psychologie environnementale, la géographie, l’ingénierie forestière. Leurs résultats concordent pour affirmer que la nature a un effet de rééquilibrage sur notre santé globale.
L’Auteure, journaliste et réalisatrice du documentaire Natura, spécialisée dans les sujets de nature et d’écologie depuis une vingtaine d’années, Pascale d’Erm a travaillé aux côtés de la Fondation Nicolas Hulot, de Yann Arthus-Bertrand ou d’Ushuaïa TV. Elle a publié Vivre ensemble autrement (préfacé par Pierre Rabhi, Éditions Ulmer, 2009) et Ils l’ont fait et ça marche : comment l’écologie change déjà la France (Éditions Les Petits Matins, 2014) et Sœur en écologie (Éditions La Mer salée, 2018).
Avec cet ouvrage, c’est un nouveau chapitre de nos liens avec l’ensemble du monde vivant qui s’écrit. Natura nous invite à ne plus jamais regarder comme avant le marronnier de la fenêtre de notre bureau…
Cet ouvrage (18 euros) est paru et disponible aux
éditions LLL (Les Liens qui Libèrent)
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